Mesures d’accommodement pour les étudiantes et étudiants avec des incapacités et obstacles connexes dans la formation en sciences infirmières et en soins infirmiers psychiatriques : une étude à méthodes mixtes

Résumé

Contexte : Les initiatives relatives à l’équité, la diversité et l’inclusion dans la formation infirmière ignorent souvent l’enjeu que peut être la situation de handicap. Les étudiantes et étudiants en sciences infirmières qui s’identifient comme ayant une ou plusieurs incapacités ont signalé des difficultés au niveau de l’accessibilité et des accommodements. Les formatrices et formateurs ont rapporté une incertitude générale en ce qui concerne les façons de soutenir les étudiantes et étudiants, plus particulièrement dans les milieux de pratique clinique.

Objectif : Le but de cette étude était d’examiner les perceptions des membres du corps professoral et des membres du corps étudiant en sciences infirmières et en soins psychiatriques, en se centrant sur les mesures d’accommodement et les obstacles connexes.

Méthodes : Une étude à méthodes mixtes a été effectuée afin de répondre à la question suivante : quelles mesures d’accommodement favorisent ou limitent l’inclusion des étudiantes et étudiants en sciences infirmières et en soins psychiatriques ayant une incapacité dans les milieux de théorie et de pratique clinique? Un sondage en ligne anonyme a permis de recueillir des données. Les réponses de 95 personnes participantes au sondage ont été analysées. Les personnes participantes comprenaient des étudiantes et étudiants des programmes de premier cycle universitaire en sciences infirmières (n = 21) et en soins infirmiers psychiatriques (n = 22), des membres du corps professoral universitaire des deux programmes (n = 49) et des spécialistes de l’accessibilité (n = 3) de l’ouest du Canada.

Résultats : Deux principaux thèmes ont été tirés de l’analyse parallèle des données qualitatives et quantitatives. Le premier porte sur l’offre de mesures d’accommodement raisonnables et le deuxième thème porte sur les attitudes envers les étudiantes et étudiants en sciences infirmières et en soins infirmiers psychiatriques ayant une incapacité. Les étudiantes et étudiants qui ont bénéficié de mesures d’accommodement ont indiqué que ces dernières avaient contribué à leur réussite en classe (94 %), dans les laboratoires d’habiletés (86 %) et dans les milieux cliniques (86 %). Les réactions des personnes participantes envers les mesures d’accommodement étaient en majorité favorables. Toutefois, il a été mentionné qu’il existait des obstacles pour accéder à ces mesures, surtout dans les milieux cliniques. Les personnes participantes membres du corps professoral ont fait ressortir, comme obstacles, un manque de connaissances sur les processus d’accommodement et un manque de temps pour mettre en place des mesures d’accommodement individuelles. Bien que la majorité des personnes participantes (74 %) conviennent que les étudiantes et étudiants ayant une incapacité peuvent satisfaire aux exigences théoriques des programmes professionnels, seulement la moitié d’entre eux pensent que les étudiantes et étudiants peuvent satisfaire aux exigences cliniques des programmes. Des différences considérables étaient évidentes dans les réponses des personnes participantes qui s’identifiaient comme ayant une ou des incapacités et celles des autres personnes.

Conclusion : Les résultats mettent en lumière le besoin de mesures d’accommodement efficaces pour les étudiantes et étudiants en sciences infirmières avec des incapacités, particulièrement dans les milieux cliniques. Ils mettent aussi en évidence, le besoin pour les membres du corps professoral d’avoir accès à davantage de formation, de soutien et de ressources afin d’être mieux préparés.